Avec Jacques Vigne, Dinesh Sharma et 27 Français
Par Joëlle Coiret
Le groupe principal est arrivé à Kathmandou le 14 mai et en est reparti le 7 juin. Le séjour au Tibet lui-même a été du 19 mai au 5 juin. Nous étions 28 Français en tout.
TIBET. 20 – 22 mai 2011. LHASSA.
Jusqu’au 19eme siècle, Lhassa fut une cité interdite et ce n’est qu’en 1905, suite à l’incursion du commandant Younghusband à Gyantse que les Anglais y établirent des comptoirs. Le Tibet ne fut officiellement ouvert aux étrangers qu’en 1980. Lhassa s’étend sur une dizaine de kilomètres et à première vue, nous sommes surpris de voir les larges avenues des quartiers chinois nouvellement construits, leurs centres commerciaux et les panneaux publicitaires pour les marques internationales. Les quartiers tibétains aux maisons traditionnelles anciennes et aux échoppes d’objets usuels ou religieux se concentrent autour des monastères. Ce qui inquiète, c’est la pression policière omniprésente, la prédominance sur les panneaux de la langue chinoise sur le tibétain, l’impression de crainte et de tristesse. Selon l’expression de Marie-Josée Lamothe, le Tibet est devenu «un pays de Chinois déracinés et de Tibétains clochardisés». A chaque carrefour, dans des guérites vitrées, cinq policiers armés surveillent les déplacements des gens. Jigme, notre agent de voyage chinois, a dû faire pour notre groupe de trente personnes et pour un séjour de trois semaines 500 photocopies de laisser-passer! Bien que la politique actuelle d’invasion chinoise au Tibet soit à l’oeuvre, nous ne pouvons qu’espérer à l’exemple de l’auteur américain Robert Thurman qu’avec la progression des NTIC et l’exigence croissante de liberté des jeunes, la dictature pourrira de l’intérieur.
Le premier jour fut consacré à la visite du plus grand monastère du Tibet, DREPUNG, à six kilomètres à l’ouest de Lhassa. Fondé en 1416 par Jamyang Chöje, disciple de Tsong Khapa, il fut la résidence des Dalaï-Lama jusqu’en 1655 où ils s’installèrent au Potala. Il est l’exemple type de la cité monastique tibétaine, souvent accolée à la montagne, cour orientée au sud, où l’on exécute les danses de masques lors du festival annuel du shötun, du yaourt, en août, et bâtiment principal au nord. Ce festival remonte à plus de cinq cents ans, lorsque les nomades offraient traditionnellement du yaourt aux monastères et une contribution pour la construction des ponts. Drepung signifie «tas de riz» et vient du sanskrit Dhanyakataka, stupa de l’Inde du sud où le Bouddha enseigna pour la première fois le Kalachakra tantra. Au 17eme siècle, il devint capitale intellectuelle et religieuse, abritant jusqu’en 1959 10000 moines gelugpa (bonnets jaunes ou «vertueux»), répartis dans six facultés réputées pour leur excellence. Ce fut la plus importante institution monastique au monde.
On pénètre dans le Ganden Potrang, «Palais de la Plénitude de Joie» par une petite cour avant d’entrer dans le Dukhang ou hall d’assemblée. Un escalier y mène, divisé en trois parties, dont la partie centrale, barrée par des cordes, est réservée aux grands lamas. Le trône du 5eme Dalaï-Lama est un des objets les plus précieux du palais. Le Tsomchen («grand temple de l’assemblée») de 4500 mètres carrés est le plus grand édifice, orné de 200 statues et les thangka, les tapisseries, les colonnes de brocart qui pendent du plafond sont fastueuses. La statue en cuivre doré de Manjusri avec un nimbe de pierres précieuses atteint deux niveaux et le représente faisant le Dharmachakra mudra (mudra de la roue de la Loi), symbole de la réalisation, de la libération. Une chapelle abrite une statue de Maïtreya (tib. : Jampa Tongdrolma), le Bouddha du futur, à l’âge de huit ans, haute de trois niveaux que des fidèles nombreux vénèrent car elle a un pouvoir de guérison. De précieuses collections du Kangyur, les 108 volumes des paroles du Bouddha dont certains écrits en lettres d’or, y sont conservées. La visite se termine par les cuisines sombres aux chaudrons gigantesques et aux belles théières en cuivre et laiton.